29 juin 2000 – De Montréal au Labrador. Au petit matin, je me réveille de ma première nuit à bord du Fortune. Il doit être autour de 7h. Je sors à l’extérieur de ma cabine pour voir si nous avons finalement quitté Montréal. À ma grande surprise, le vieux pont de Québec est là juste au-dessus de ma tête. Quelle vue!
Le bateau avance vite le long du boulevard Champlain. Je me retourne vers ma cabine pour saisir mon Canon AE-1. Le bateau semble ralentir sa glisse à l’approche du Vieux-Québec et du majestueux Château Frontenac. Après avoir pris quelques photos, mon œil est attiré par une petite embarcation qui s’approche et se colle à la coque du Fortune. Un long escalier descends sur le flanc du Fortune où la petite embarcation se positionne. J’assiste au changement de pilote.
Le Saint-Laurent est tout sauf un long fleuve tranquille. Il est capricieux et exige les connaissances d’un expert pour éviter ses pièges qui cachent. J’ai l’impression que je vais en apprendre un peu plus de Montréal au Labrador.
Avant de prendre mon petit déjeuner, je fais une petite halte sur le pont. La vue à 360 degrés sur le pont est remarquable. La quantité de conteneurs empilée les uns sur les autres est phénoménale. En plus des dizaines de conteneurs, le cargo transporte une petite Volkwagen Beatle jaune. Peu importe la direction dans laquelle on regarde, la vue est impressionnante.
Le Pilote donne une directive à l’homme de roue: cap vers l’île d’Orléans et ensuite vers Les Escoumins. Le bateau accélère pour reprendre sa vitesse. Le Pilote me dit que ce bateau est une torpille des mers. Il atteindra une vitesse de plus de 20 nœuds une fois qu’il aura pris le large. Tout ça m’a ouvert l’appétit.
Dans la petite cafétéria, je rencontre les propriétaires de la petite Beatle jaune. Nous sommes quatre passagers sur le Fortune. Un couple afro-américain, leur jeune adolescente et moi. Ils sont en route vers la Finlande. Il me raconte que sa femme et lui ont accepté un contrat d’un an pour aller enseigner l’anglais dans une école en Finlande. De plus, il est Pasteur tout comme sa femme. Ils ont confiance que leur fille suivra leurs pas et le deviendra aussi. C’est beau d’avoir la foi.
Le reste de la journée à été bien tranquille. J’en ai profité pour faire un peu de lecture et une sieste en plus de profiter de la beauté du fleuve pour contempler ce paysage unique. En fin de journée, on a laissé le Pilote aux Escoumins pour maintenant se diriger vers le large.
Dernières heures au Canada
1e juillet 2000 – Au petit matin, j’avance l’heure sur ma montre du premier changement de fuseau horaire. Le Golf du Saint-Laurent est énorme. Ce matin, le Fortune avance vers l’ile d’Anticosti. Le Capitaine me dit que nous allons passer entre le Labrador et l’île de Terre-Neuve en soirée. Je suis étonné de la rapidité avec laquelle nous avons fait toute cette distance de Montréal au Labrador.
Vers 19h30, le Fortune passe devant le dernier village québécois: Blanc-Sablon. D’un côté, on voit clairement devant les côtes du Labrador et de l’autre celles de Terre-Neuve. On entre dans le détroit avec le cap sur Belle Isle qui est à environ 9 miles marins de notre position.
Le Capitaine me dit de prendre la paire de jumelles et de regarder dans cette direction. Sans poser de questions, je m’exécute. Loin à l’horizon, je vois un énorme iceberg. Le 1e Officier m’invite à venir le rejoindre devant une console. C’est le radar. J’ai droit à un cours privé sur le fonctionnement de navigation de cet outil indispensable en mer. Je découvre que le glacier descend le courant à une vitesse de 1,5 nœud et je peux évaluer sa trajectoire sur plusieurs miles. Fascinant!
Le Fortune devrait sortir des eaux territoriales canadiennes vers 1h du matin pour voguer sur l’Atlantique en direction de l’Europe. Je ne pourrais jamais oublier ce voyage de Montréal au Labrador.