21 août 2000 – Depuis mon débarquement en Belgique, j’ai visité plusieurs musées rappelant les sacrifices d’hommes et de femmes de la Seconde Guerre mondiale. Je les visite par devoir de mémoire. Des héros de guerre se sont battus pour repousser à l’Est l’ennemi nazi. On a tous vu à la télévision ou au cinéma des documentaires et des films sur ce malheureux pan de notre histoire qui a fait des millions de morts.
Avec Giovanni Francesco, on s’est pris un billet pour une visite guidée d’Auschwitz et de Birkenau. En autobus, c’est à une distance d’environ une heure de Cracovie. Je savais que la découverte, par les alliés, des camps de concentration et d’extermination de l’Allemagne nazie nous a dévoilé les pires atrocités de la guerre. Mais, jamais je n’ai ressenti autant d’émotions que ce matin.
Le travail vous libère
La visite a débuté dès que l’on a traversé la porte avec l’inscription «Arbeit Macht Frei», qui signifie en Allemand le travail vous libère. Le guide nous fait signe de le suivre. On marche devant une série de bâtiments de briques rouges dans un passage borné de barbelés autrefois électrifiés. On nous fait entrer dans un des bâtiments où l’on nous présente un film. C’est la libération par les Russes des derniers prisonniers. Les nazis ont fait subir aux Juifs comme aux non-juifs des expériences inhumaines. À l’étage supérieur, on nous fait passer devant des pièces remplies de valises, de vieux souliers, de brosses à dents, des lunettes et de cheveux. C’est effroyable de s’imaginer que plus de 1,5 million de personnes ont été tuées ici.
Les nazis recyclaient les cheveux des femmes, les dents en or, les pièces d’acier des valises et les orthèses pour alimenter leurs ambitions de guerre démesurées. Le guide nous dit qu’ils épandaient les cendres des morts dans les champs afin de fertiliser les sols destinés à l’agriculture. En sortant, nous nous sommes dirigés vers une chambre à gaz. L’horreur! J’avais des frissons à entendre le guide nous expliquer comment les nazis s’y prenaient pour tuer des dizaines de personnes à la fois.
Méditation
J’avais hâte de sortir de cette pièce où je ressentais toute la lourdeur de la souffrance et de la mort. Le silence précédait chaque touriste vers la sortie de ce long corridor de barbelés qui mène aux baraques de bois. En entrant dans l’une d’elles, notre guide dit que plusieurs sont morts de froid, mais que la majorité a été exterminée dans les grands fours. Il parait qu’en plein été, les cendres retombaient du ciel comme des flocons de neige.
Une fois la visite terminée, j’ai eu besoin d’être seul. En marchant le long des rails où les prisonniers arrivaient, j’ai ressenti une profonde tristesse. Être ici m’a connecté à ce passé et, par conséquent, à ma sensibilité et à mon humanité.
Nous devons rester vigilants face à l’intolérance des doctrines totalitaires afin de protéger nos vies et notre démocratie. On a un devoir de mémoire pour tous ceux et celles qui ont payé de leur vie. Cela ne doit plus jamais se reproduise.
Une visite qui porte à la réflexion… par devoir de mémoire.