Non, mais quelle journée ! Ce matin, j’ai pris le train en direction du Luxembourg. J’ai décidé de faire un arrêt dans le petit village au nom de Ettelbruck. En Luxembourgeois, on dit Ettelbréck. C’est ici que George Patton a libéré la ville de l’Allemagne Nazie en décembre 1944. Et c’est dans cette même ville qu’il a été enterré après sa mort l’année suivante.
Ce coin de pays est marqué par les cicatrices des guerres et des conflits du passé contre les Allemands, les Français et même les Belges. D’ailleurs, on sent bien l’influence linguistique des conquérants. Le luxembourgeois est un joyeux mélange des langues des pays voisins. De plus, son accent est agréable à l’oreille.
Dès mon arrivée dans le village, je me suis installé dans un petit gite au coeur de l’action. Cette partie du village est entièrement réservée aux piétons. C’est un petit endroit bien agréable. Depuis mon débarquement du Fortune, la pluie m’a restreint dans mes explorations. Aujourd’hui, c’est différent. Malgré un ciel gris, il n’y a pas de pluie à l’horizon. J’ai enfin la liberté pour découvrir les environs.
Patton, le général
En explorant les alentours, je découvre des monuments en mémoire au grand général Patton. Il a marqué l’imaginaire des Luxembourgeois. Il y a aussi des affiches sur des poteaux qui rappellent la délivrance. Avec tout ça, il m’est bien difficile d’être indifférent à la grandeur de cet homme et une visite au Musée Patton s’impose. Ce n’est peut-être pas un grand musée, mais c’est incroyable tout ce qu’il contient comme vestige de la 2e Guerre mondiale. Je ne croyais pas qu’il pouvait contenir autant de véhicules, de mitraillettes, de pistolets, de grenades, de baïonnettes, de bombes et d’uniformes. Évidemment, une grande statue du général Patton qui regarde le visiteur étonné par tout cet arsenal.
Après ce retour dans le temps, j’ai profité des rues piétonnes pour découvrir les environs. Je me suis arrêté quelques instants dans un petit parc qui longe la rivière. À ma grande surprise, je constate que les affiches que j’ai vues plus tôt attachées aux poteaux sont en lien avec une grande fête pour le village d’Ettelbréck. Aujourd’hui, c’est le jour du Souvenir de la libération du village par le général Patton. Quelle coïncidence ! Je remarque que le long de la route qui mène au Monument de Patton, il y a des drapeaux des États-Unis partout.
Dans le parc commémoratif, un blindé de l’armée américaine attire mon attention. Juste à côté, on peut voir la statue du général Patton qui semble observer la vallée et planifier ses prochaines manoeuvres pour repousser l’ennemi. Tant qu’à y être, pourquoi ne pas marché un petit 5 kilomètres pour aller visiter le musée de la guerre dans le village voisin de Diekirch.
Le musée de la guerre de Diekirch
Et bien là, j’en ai eu pour mon argent. Quinze grandes salles remplies de photos et d’objets militaires de toutes sortes. Des espaces où l’on a reconstitué des scènes de guerre avec des mannequins en uniformes et tout plein de véhicules bien conservés depuis la guerre de 1939-1945. Fabuleux, ce travail de conservation pour nous rappeler l’histoire.
La marche de retour vers Ettelbréck (5 km) m’a donné du temps pour penser à cette difficile époque. J’ai toujours pensé qu’il était important de s’en rappeler. Si l’on a la vie que l’on mène aujourd’hui, c’est en grande partie par les sacrifices d’hommes et de femmes qui se sont battu pour notre liberté.
Rencontre luxembourgeoise
De retour à Ettelbréck après une belle marche, je commence à avoir une faim de loup. J’ai les jambes en compote et j’ai hâte de m’assoir pour manger et boire. Ce matin en passant devant la terrasse d’un petit restaurant du village, j’avais pris la décision de m’y arrêter pour le souper. Sur la terrasse, deux hommes discutaient joyeusement entre eux. Des mots et des rires chatouillaient mon oreille avec une telle sonorité et un rythme propre à la région. Ceux qui me connaissent savent trop bien qu’il m’était difficile de résister à l’envie de joindre la discussion avec de sympathiques bonhommes.
En un rien de temps, la connexion était établie et on a bien ri ensemble. L’un des deux s’est excusé de devoir nous quitter pour aller rendre visite à un ami. L’autre m’a gentiment offert un verre. On a discuter un bon moment avant qu’il m’annonce qu’il doit rentrer se préparer pour une sortie avec sa femme. C’est tellement enrichissant de faire des rencontres comme celle-là avec des gens du pays. Je n’avais pas l’impression d’être un étranger en visite.
En soirée, j’ai vu qu’il y avait un concert de l’Harmonie d’Ettelbréck à la salle communautaire du village. Ça va certainement me rappeler de bons souvenirs de mes belles années dans l’Harmonie St-Luc. Devant la porte de la petite salle communautaire, j’attends tranquillement qu’on nous laisse entrer. Mais qui apparait juste là devant moi? Le bon Luxembourgeois qui m’avait payé un verre au restaurant accompagné de sa charmante épouse. Il s’est empressé de me présenter et elle semblait déjà en savoir un peu sur moi. Nous nous sommes assis ensemble durant le concert. En sortant, il m’a invité à prendre un verre et un autre, puis encore un autre.
Cette rencontre me fait croire que j’ai plus de chance de rencontrer des personnes gentilles tout au long de mon voyage. Le temps le dira, mais j’amorce cette aventure avec le sentiment que 99,9 % des gens sont gentils. Demain, je reprends la route en direction de Paris. Mais, pas trop vite. Avec tout ça, il est 23h30.
Bonne nuit !