20 août 2000 – La nuit a été courte à la Maison d’Ut. Pour l’instant, j’ignore que le hasard mettra sur ma route un certain Giovanni Francesco di Genova. Mais pour l’heure, je suis à peine réveillé que j’ai juste envie d’ignorer l’heure. Cette nuit, j’ai cru qu’il y avait une discothèque à l’étage sous ma chambre. La musique était si forte que je n’entendais pas les voix et les cris de cette jeunesse pleine d’énergie. Vers 3 heures du matin, tout s’est arrêté et je suis enfin tombé dans un profond sommeil.
Ô miroir, miroir, dis-moi, ai-je l’air d’un gars en forme ce matin ? Un miroir, ça ne ment jamais. Je le vois bien. J’ai les yeux tous craqués. Je vais me souvenir longtemps de la Maison d’Ut à Ostrava. Ce matin, je prends mon petit déjeuner à la terrasse du petit restaurant que j’ai vu hier. Vive le café espresso! J’ai l’impression d’être frais comme une rose. Il me reste encore du temps pour aller flâner dans les petites rues d’Ostrava avant de prendre le train pour la Pologne.
Le hasard
Rêvasser pour regarder le temps passer fait partie de ma personnalité, et ce, depuis toujours. Toutefois, ce plaisir coupable a bien failli me faire manquer le train. Une autre fois, je dois me lancer dans une course folle pour embarquer à bord du train. En reprenant mon souffle, je passe d’un wagon à l’autre pour me trouver une place assise jusqu’à Cracovie (Kraków). Je jette un coup d’oeil à l’intérieur de chaque compartiment pour voir s’il y a une place libre, mais aussi pour regarder la tête des individus qui s’y trouvent. Certains font peur et insiste à aller plus loin.
Celui-ci semble parfait. Un couple et un jeune homme sont en pleine discussion. D’un signe de la main, je demande si la place est libre. On me fait signe d’entrer. En ouvrant la porte du compartiment, j’entends une bride d’une conversation très passionnée. Ce sont des Italiens. Je me suis présenté: «Io sono Étienne.» Le jeune a dit: «Canada» en voyant le drapeau sur mon sac à dos. Le couple vient du sud de l’Italie et le jeune de Genova. Giovanni Francesco est aussi «Back Paker». Il me dit qu’il prend le temps de voyager avant que ne débute sa première année de droit à l’Université de Gênes. Un chic type! On n’a même pas vu le temps passé que nous voici déjà arrivés à la gare Kraków.
Giovanni Francesco di Genova
C’est tout un phénomène ce Giovanni Francesco di Genova. Il transpire la joie. Peu importe le sujet de la discussion, il conserve toujours son large sourire sur son visage. C’est un spontané, un passionné de la vie et tout un communicateur. Il me propose de découvrir la région ensemble. Comment pourrais-je refuser cette offre?
À la sortie de la gare, on a eu toute une surprise. Un groupe de personnes nous ont encerclés comme des hyènes se jetant sur une proie. Au début, je ne comprenais pas trop bien la situation. J’ai vite saisi. Ces solliciteurs de pensions cherchent à attirer le touriste vers son hôtel ou son auberge à coup d’arguments et de prix spéciaux. On s’est fait attirer d’un côté, puis d’un autre. Vraiment étourdissant! Après un moment, je me suis assis sur mon sac et j’ai dit à l’un des rapaces qu’on avait tout ce qu’il nous fallait. Ils se sont alors précipités vers d’autres touristes. Mon compagnon de voyage semblait tout ébranlé, mais surtout heureux de ne plus les avoir autour de lui.
L’Auberge Letni
C’est là qu’on a fait la rencontre de Jason, un jeune afro-américain en stage à l’Université de Kraków. Pour gagner un peu d’argent, il informe les touristes que son auberge, affiliée à l’Université, offre des chambres. C’était un des points de chute que j’avais notés dans mon guide Let’s Go. J’en ai confiance. Cela n’a pas été difficile de convaincre Giovanni Francesco du choix. Pour 41 Złoty (zł) la nuit, on n’a pas trop hésité et on s’est pris une chambre à l’Auberge Letni. Jason nous invite à le suivre. On y va en autobus. C’est à 25 minutes de la gare environ. Il nous accompagne jusqu’à l’auberge. Dans l’autobus, il nous pointe les endroits les plus intéressants à visiter à Kraków. Comme le hasard ne se présente jamais seul, on a fait la rencontre de Maria qui nous a donné, elle aussi, de bonnes adresses.
Kraków
Après une bonne douche, nous sommes partis vers la vieille Kraków. La température est parfaite. Il fait beau et chaud. En marchant le long de la rivière Vistule, on voit Kraków de l’autre côté de la berge. Kraków me semble invitante et accueillante. Pour s’y rendre, on traverse un pont pour ensuite entrer par un vieux passage médiéval. La vieille ville est réservée aux piétons. Nous nous dirigeons vers la grande place en passant par de jolis jardins. Giovanni Francesco propose qu’on aille au petit restaurant que nous avait recommandé Maria, une jeune fille rencontrée dans le bus plutôt durant la journée.
Durant le souper, Giovanni Francesco di Genova, ce charmeur Italien, a attiré deux jeunes Allemandes à notre table. Mon regard était plutôt tourné vers la jeune Polonaise qui nous servait. Une beauté rare! On a bien mangé, bien bu et surtout bien rigolé. Une bien belle soirée.
Vers minuit, nous sommes repartis vers l’auberge. La lune brillait dans le ciel de Kraków et elle éclaire notre chemin qui longe la rivière.