9 août 2000 – Je suis à bord d’un train en route vers la gare de Linz. De là, j’ai une correspondance à prendre pour entrer en République tchèque. Le beau temps est au rendez-vous. Je regarde défiler le paysage par la fenêtre tout en réfléchissant à la suite de mon voyage. Depuis que je suis débarqué du bateau à Anvers, j’ai en tête les dates d’entrées et de sorties de mes visas pour la Pologne et pour la Russie. Ce sont des contraintes qui me poussent à avancer rapidement.
De plus, on sait tous que la vie coûte cher en Europe de l’Ouest comparativement à l’Est. J’ai hâte d’arriver en République tchèque pour le constater. Depuis mon départ de Montréal, j’ai dépensé environ 115 $ par jour en incluant le prix du passage en bateau. Je suis convaincu que durant les prochains mois, la moyenne de mes dépenses quotidiennes va considérablement diminuer. Le train vient d’entrer dans la gare de Linz. Je sors mon billet pour me diriger vers ma correspondance.
En voiture
Je dois presser le pas pour trouver le quai 3a. Le train quitte dans 12 minutes. Pas de temps à perdre. En un coup d’œil sur le panneau d’affichage, je trouve les indications vers mon quai d’embarquement. Il faut admettre que les Autrichiens sont assez pragmatiques. Le quai semble être de l’autre côté des voies où plusieurs trains sont immobilisés. Je descends les marches vers le passage de liaison vers les autres quais. Au bas de l’escalier, je découvre un long passage souterrain. Je me lance dans une course folle en nommant chaque panneau sans voir le quai 3a. Comme de fait, il est au bout du passage.
Le voilà ! L’horloge du quai indique qu’il ne reste que 3 minutes avant mon départ. Je suis fier de ma performance athlétique, mais je me dis en même temps que je dois faire quelque chose pour alléger le poids de mon sac à dos. En reprenant mon souffle, mes yeux s’écarquillent. C’est le choc. Les wagons du train qui m’attendent sont incontestablement plus vieux que moi.
Une autre époque
J’ai l’impression de remonter le temps. En entrant dans le wagon, mon imagination s’active. Je deviens le personnage d’une des fabuleuses aventures de Tintin. Un long couloir étroit traverse le wagon. D’un côté des fenêtres et de l’autre, de vieilles portes coulissantes en bois qui séparent le corridor des cabines. Deux banquettes se font face. Pour chaque cabine, il y a de la place pour huit voyageurs. Le mécanisme de chaque fenêtre permet de la descendre jusqu’aux épaules. C’est suffisant pour sortir la tête et saluer ceux qui restent.
À quelques kilomètres de la frontière avec la République tchèque, le train a fait une courte halte. Un jeune couple entre dans la cabine où j’étais seul pour la première partie du trajet. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’ils disaient. C’est normal, ils parlent tchèque. Le train roule au ralenti. L’un d’eux me dit en anglais qu’on arrive à la frontière. Il n’en fallait pas plus pour amorcer une conversation. Après leur avoir dit que c’était la première fois que je visitais leur pays, ils m’ont dressé toute une liste de places et d’endroits à voir. Leur amour pour leur patrie est contagieux. J’avais hâte d’arriver.
À la frontière
Le contrôle à la frontière a duré environ 40 minutes. Des gendarmes, des contrôleurs et des douaniers des deux pays sont venus à tour de rôle nous poser quelques questions. Était-ce un signe d’ouverture qui favorisera un jour le libre passage de personnes en Europe comme c’est pour nous avec les États-Unis ? On a tellement de chance de pouvoir traverser la frontière vers les États-Unis en ne présentant que notre permis de conduire au douanier.
Après cette pause, le train est reparti vers České Budějovice. C’est mon arrêt. J’ai fait un saut à la banque pour me procurer des Couronnes tchèques. J’en ai besoin pour payer mon passage à bord de l’autobus qui m’amène dans le petit village de Český Krumlov. Mais là, plus personne ne parle ni le français ni l’anglais.
Le fun vient de commencer.