9 septembre 2000 – Je suis à Saint-Pétersbourg. C’est samedi. Et c’est le plus relaxant des samedis que je passe depuis Marseille. J’en profite. Il s’en est passé des choses depuis mon départ de Moscou. La journée avant mon départ pour Saint-Pétersbourg, j’ai fait des rencontres étonnantes. À l’auberge, de nouveaux voyageurs sont arrivés. Il y avait Jason et Adams. L’un est d’Australie et l’autre vient de l’Irlande. Nous sommes partis ensemble vers le centre de la ville en métro. On a passé la journée à trainer dans les rues.
En soirée, j’ai appelé Sergueï que j’avais rencontré dans le train de Varsovie à Moscou. Je l’ai rejoint dans un bar de Moscou. Adams m’a accompagné. Il veut absolument voir Moscou et sa Place Rouge «By Night». Arrivée à l’adresse, la musique nous attire vers l’intérieur. Il y a une odeur de cigarettes et de l’alcool dans l’air. L’ambiance est amicale. Sergueï me fait signe. Il est en pleine partie de billard avec Andreï. On a commandé de la bière russe avant de se faire une partie en équipe. C’était l’Est contre l’Ouest. On a trop ri.
Il doit être 22 heures lorsque nous arrivons sur la Place Rouge. La Cathédrale St-Bazile et les murs du Kremlin sont illuminés. C’est magnifique de jour comme de nuit. Devant la Cathédrale, on fait la rencontre de Tania, une jeune fille du Kazakhstan en visite à Moscou avec son frère et un ami. Sergueï fait le traducteur. Pendant qu’Adams fait des folies devant une statue, la jeune Tania pose des questions à n’en plus finir que Sergueï me traduit. Vers minuit, on a levé notre bière – ce qu’il restait – à la santé et à l’amitié avant de retourner chacun chez soi. La petite Tania a demandé à Sergueï de me dire qu’elle aimerait me revoir demain. J’avais donc un rendez-vous ici même à midi avec elle. J’ai remercié Sergueï pour sa gentillesse et qu’il devait me faire signe s’il venait un jour à Montréal.
Ce matin, j’ai tout un mal de tête. J’ai un peu trop bu hier soir. Par contre, je ne me souviens pas d’avoir passé une aussi belle soirée depuis mon départ. Il doit être un peu passé 11 heures que je suis déjà en route vers mon rendez-vous. Le temps est gris et on nous annonce un peu de pluie. Je n’ai pas attendu longtemps avant de voir le sourire de la jeune Tania marcher dans ma direction. Elle était accompagnée de son frère. Il a des connaissances de base en anglais, mais vraiment de base. Ça promet!
On marchait dans les rues de Moscou lorsqu’elle fait signe qu’elle désire entrer dans cette petite librairie. Je comprends qu’elle veut s’acheter un livre. Elle demande pour une méthode d’apprentissage de l’anglais. Dans la boutique, Tania me montre où elle habite sur une carte. C’est au Kazakhstan. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, nous arrivons à communiquer. D’ailleurs, je comprends qu’elle m’invite à venir passer du temps chez elle. Elle dit vouloir apprendre l’anglais avec moi. Hum! C’est une proposition tentante.
En sortant de la librairie, je découvre qu’à 26 ans, elle est mariée et elle est maman d’un petit garçon de 7 ans. Dans ma tête, j’imaginais la scène d’un mari jaloux en train de me zigouiller dans une vieille usine désaffectée. Comme je tiens à la vie, surtout la mienne, je lui ai expliqué que mon itinéraire sur le territoire russe ne me permettait pas d’aller au Kazakhstan. Quelques heures plus tard, je suis reparti vers mon auberge chercher mon bagage pour me rendre à la gare en attendant mon train de nuit pour Saint-Pétersbourg.