Il est 23h00 lorsque je monte à bord du train de nuit pour Saint-Pétersbourg. Je passe devant plusieurs compartiments avant de trouver celui qui correspond aux informations sur mon billet. À l’intérieur de la cabine, je salue un colosse au crâne dégarni qui est déjà bien installé dans la couchette supérieure. La dame me salue et poursuit la lecture d’une histoire à son jeune fils sous la couchette du colosse. Je dépose mon sac à dos dans l’espace de rangement avant de grimper à l’étage où se trouve ma couchette. Je me sens observé par mon voisin. Je sors de mon petit sac une copie du journal Le Monde que j’avais acheté à la gare. J’entends le grand chauve me dire : «Fransouki ?». Je le regarde et lui réponds fièrement : «Da.»
La dame m’a regardé et, à ma grande surprise, elle me parle dans un français impeccable. La discussion a bien durée une bonne heure. Elle m’a dit qu’elle avait fait des études en langues étrangères avant de se lancer en médecine. Elle et son fils vont rendre visite à ses parents qui vivent à Saint-Pétersbourg. Lorsque je lui ai dit que je venais de Montréal, le colosse a entendu et compris. Il s’est empressé et demande à la dame de me poser une question. J’écoutais sans trop comprendre. Il souriait en lui parlant. La dame me regarda en me disant que mon colosse voisin était un fanatique de la série du siècle. Je le regardais nommer des joueurs de l’équipe canadienne et russe avec des étincelles dans les yeux.
La pauvre dame. Elle a fait la traductrice. La passion pour le hockey de mon voisin était remarquable. Il m’a nommé tous les joueurs des deux équipes: Tretiak, Dryden, Popov, Cournoyer, Larionov, Esposito et j’en passe. Quel souvenir! Il était un peu passé minuit lorsque nous nous sommes endormis dans ce train de nuit.
Saint-Pétersbourg
10 septembre 2000 – La nuit a été courte. Je n’ai pas l’habitude de dormir dans un train, même si c’est un train de nuit. Le bruit de rail résonne encore dans ma tête. Vers 7h00, le train est entré dans la garde de Leningrad ou plutôt Saint-Pétersbourg. En sortant de la gare, j’ai décidé de marcher jusqu’à la petite auberge fort sympathique que j’avais trouvée sur l’avenue Nevski. Le « Puppet Hostel » est une petite auberge de jeunesse qui est attachée à un théâtre de marionnettes. À l’accueil, je fais la rencontre de Lada, une jeune et jolie artiste de la place. Elle me remit les clés de ma chambre en m’indiquant où la trouver. Après une bonne douche, me voilà prêt à repartir vers de nouvelles découvertes.
Pour faciliter l’orientation de ma première sortie, je demande à Lada de me fournir quelques informations sur la ville. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire qu’elle avait un nom spécial. Je lui demande si elle l’écrit de la même façon de la voiture. Elle me répond que les origines du nom «Lada» signifient ce qui unit la famille. Depuis ce jour, je ne vois plus le mot «Lada» de la même manière.
Cette première journée dans Saint-Pétersbourg m’a charmée. J’ai marché jusqu’au bout de l’avenue Nevski en traversant un canal, puis un autre sur la Grande Place du Palais d’hiver. Je suis allé au musée de l’Ermitage, un impératif, où, malheureusement, je n’ai pas eu le temps de tout voir. C’est immense et mes pieds n’en peuvent plus de marcher. Un peu de repos pour se redonner de nouvelles forces pour demain.
Bonne nuit!